Du 20 au 25 avril a lieu la semaine européenne de la vaccination. Un rendez-vous de santé publique organisé par l’Organisation Mondiale de la Santé pour aider la population à mieux comprendre les bénéfices aussi bien individuels que collectifs de la vaccination, et à faire connaître les maladies contre lesquelles elle protège.
Rencontre avec le Dr Benjamin Wyplosz, responsable du centre de vaccinations internationales de l’hôpital Bicêtre.
Comment agit la vaccination ?
La vaccination est un moyen de prévention qui permet à notre corps de se prémunir contre des maladies virales ou bactériennes. Il existe deux types de vaccins :
- Les vaccins inertes sont composés d’extraits d’agent infectieux inactivés ou tués et incapables de se multiplier ¹ . Ils ne peuvent donc pas transmettre de maladie (c’est le cas du vaccin contre la grippe ou contre le tétanos) mais ils imposent à notre système immunitaire de produire des défenses très efficaces. Il s’agit principalement d’anticorps qui permettent, pendant la durée de protection du vaccin, de reconnaître les microbes responsables de maladies et de les empêcher d’infecter notre organisme.
- Les vaccins vivants atténués ² sont composés d’un agent infectieux vivants dont on a réduit la virulence et qu’on administre également pour forcer le système immunitaire à produire des anticorps. Ils sont contre-indiqués chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli de manière temporaire ou durable (infection par le virus du SIDA non traitée, cancers, traitement immunosuppresseur, etc.).
Dans tous les cas, l’administration d’un vaccin peut entraîner une réaction locale au point d’injection (douleur, rougeur, gonflement), ou plus rarement une réaction générale (fièvre, maux de tête). Mais ces effets indésirables sont bénins et guérissent de façon spontanée en moins de 24h.
Quel est l’intérêt d’une vaccination ?
Les vaccins ont été inventés à la fin du 19e siècle par Louis Pasteur pour protéger contre des maladies graves, mortelles, ou pour lesquelles il n’existe pas de traitement. C’est encore leur usage aujourd’hui. Par exemple, la vaccination constitue la seule protection connue aujourd’hui contre le tétanos, une maladie mortelle. Cela justifie le caractère obligatoire de ce vaccin. (Liste des autres vaccins obligatoires.)
D’autres vaccins permettent de réduire la fréquence de maladies graves, comme les vaccins contre les pneumocoques qui sont des bactéries responsables d’otites, de méningites et de pneumonies chez l’enfant. Le vaccin n’est pas obligatoire, mais il est très recommandé voire médicalement indispensable.Enfin, certains vaccins protègent contre des maladies transmissibles qui sont longtemps inapparentes et qui ne se révèlent qu’une fois qu’elles ont provoqué des complications chroniques comme un cancer. C’est le cas du virus de l’hépatite B qui peut provoquer un cancer du foie et des papillomavirus, qui sont responsables du cancer du col de l’utérus chez la femme et de nombreux cancers de la bouche et de la gorge chez l’homme.
On peut se vacciner pour se protéger soi-même mais aussi pour protéger les autres. C’est ce qu’on appelle la vaccination altruiste. Des maladies contagieuses se transmettent souvent à l’intérieur du cercle familial comme la coqueluche, la rougeole, la grippe, les oreillons, la varicelle… Il est particulièrement important de se vacciner lorsqu’un membre de l’entourage proche est très vulnérable (bébé, personne âgée, maladie chronique).
D’après le baromètre santé 2014 réalisé par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), la population française est majoritairement favorable à la vaccination (79 % des Français). Pourtant, la couverture vaccinale en France n’est pas considérée comme optimale. Comment expliquer cet écart ?
Même si la majorité des Français se disent favorables à la vaccination, beaucoup ne se sentent pas concernés par certaines maladies ou oublient tout simplement de mettre à jour leurs vaccins. On entend aussi circuler beaucoup d’idées négatives sur la vaccination qui sont scientifiquement infondées mais qui peuvent engendrer des réticences dans la population. Pourtant, de très grandes études internationales n’ont pas avéré les liens supposés entre le vaccin contre la rougeole et l’autisme, entre le vaccin grippal et le syndrome de Guillain-Barré ou entre le vaccin contre l’hépatite B et la sclérose en plaques.
Le profil de sécurité des vaccins est très suivi par les autorités de santé tant nationales qu’internationales ³. Si l’administration de certains vaccins atténués dans des cas très particuliers peut comporter un infime pourcentage de risques (comme le vaccin contre la fièvre jaune), les médecins évaluent le rapport bénéfice risque de l’administration du vaccin. Ils en avertissent le patient et discutent avec lui du choix thérapeutique.
Comment vérifier la mise à jour de ses vaccins et à qui s’adresser ?
Certaines infections ne nécessitent qu’une seule vaccination pour être protégé tout au long de sa vie (rougeole, oreillons, fièvre jaune, hépatite A, etc.), alors que pour d’autres maladies, des rappels réguliers sont nécessaires y compris à l’adolescence et à l’âge adulte pour maintenir l’efficacité de la protection (tétanos, coqueluche, diphtérie, etc.). C’est pourquoi il est indispensable de vérifier régulièrement que l’on est à jour de ses vaccins.
En France, le calendrier vaccinal, publié chaque année par le ministère de la santé, fixe les modalités de vaccinations et des rappels pour la population en bonne santé, les personnes malades et certaines catégories professionnelles.On peut faire vérifier son carnet de santé ou de vaccination par son médecin traitant… et les mettre à jour si nécessaire.
La vaccination est la mission des médecins généralistes, des centres de protection maternelle et infantile (PMI), et des centres de santé. Ce sont eux qui gardent une trace des vaccinations effectuées et délivrent des carnets de vaccination.
¹ diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, hépatite A, hépatite B, pneumocoques, méningocoques, papillomavrius, haemophilus, grippe, rage, typhoïde. ² rougeole, oreillons, rubéole, BCG, fièvre jaune, rotavirus, grippe par voie nasale, varicelle ³ En savoir plus sur le parcours sécurisé d’un médicament
Questions pratiques de vaccination