Journée sans tabac : apprendre à vivre sans cigarette pour sortir de la dépendance

Journée sans tabac : apprendre à vivre sans cigarette pour sortir de la dépendance

Le tabagisme reste la première cause de mortalité évitable en France (plus d’un décès sur dix restent lié au tabac) et la première cause de cancer. Si depuis la loi Evin, une politique active de lutte contre le tabagisme passif et le tabagisme des jeunes est menée en France, on observe une reprise marquée de la consommation. Selon le dernier baromètre de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes)  datant de 2010, la proportion de fumeurs a augmenté entre 2005 et 2010, passant de 31,8 % à 33,7 %. À l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, retour sur l’état de la consommation actuelle et les moyens efficaces d’aide à l’arrêt de la consommation de tabac avec le Docteur Patrick Dupont, tabacologue à l’hôpital Paul-Brousse.

IllustrationQuel constat dressez-vous sur la consommation actuelle de tabac en France ?

Nous observons cette année un recul de 6,2% des ventes par rapport à 2012. Mais il ne s’agit pas forcément d’une baisse du nombre de fumeurs. Davantage de fumeurs achètent à l’étranger, d’autres fument moins mais n’arrêtent pas complètement, et enfin, la cigarette électronique a vu ses ventes augmenter entre 2012 et 2013. Le baromètre 2010 de l’Inpes indiquait essentiellement une hausse significative de la consommation chez les femmes et les adolescents (15-18 ans) ; avec sur les cinq dernières années, un doublement de la mortalité féminine liée au tabac.

La cigarette électronique est de plus en plus utilisée. Où en sont les études et quels comportements adoptent les « vapoteurs » ?

Dans l’état actuel des connaissances, nous ne pouvons pas affirmer que la cigarette électronique constitue une aide efficace pour arrêter de fumer. De plus, même si elle semble moins dangereuse que la cigarette classique, il est impossible de dire qu’elle est sans risque. Dans une enquête réalisée en France en 2013, 50% des fumeurs qui ont utilisé la cigarette électronique l’ont fait dans le but d’arrêter de fumer. Dans cette même enquête, si 18% des 15-75 ans ont essayé la cigarette électronique, seulement 1,3% de cette population l’utilise seule, c’est-à-dire en ne consommant pas en même temps du tabac.

Par ailleurs, avec la e-cigarette, nous observons de nouveaux comportements : nous n’avons pas encore de chiffres en France, mais il semble que l’aspect ludique, l’effet de mode, les multiples goûts proposés ainsi que l’idée fausse selon laquelle la cigarette électronique est sans danger, incitent des non-fumeurs, et notamment les adolescents, à vapoter. C’est aussi face à ces nouvelles consommations qu’il est important de rappeler que nous ne connaissons pas les risques que l’e-cigarette peut avoir sur la santé.

Quelles sont les méthodes efficaces pour arrêter de fumer ?

Lorsque la personne a pris la décision d’arrêter la cigarette, plusieurs traitements en libre accès s’offrent à elle, comme par exemple les substituts nicotiniques (patch, gommes, sprays…), tandis que d’autres ne peuvent être obtenus que sur ordonnance. Ces traitements peuvent permettre d’arrêter de fumer dans un certain nombre de cas. Cependant, la méthode la plus efficace est l’association d’un traitement d’aide à l’arrêt de la consommation de tabac à un apprentissage de la vie sans tabac. Cet apprentissage, que les tabacologues dispensent lors de leurs consultations, double l’efficacité d’arrêt par rapport à un traitement seul. C’est la clé de la réussite : apprendre à devenir un ex-fumeur heureux. Si vous voulez arrêter de fumer, n’hésitez pas à vous faire aider !

Jusqu’au 30 juin, un tabacologue se tient à votre écoute. Posez vous questions sur l’arrêt du tabac à : journee.sanstabac@pbr.aphp.fr

Contact au Centre de Recherche et de Traitement des Addictions (Certa) : Unité de Coordination de Tabacologie (UCT) au 01 45 59 69 25 ou secretariat.uct@pbc.aphp.fr